Edito/Transition : la réalité du pouvoir par-dessus tout (Mognouma)

La brise d’enthousiasme et d’euphorie qui a accueilli le changement de régime le 05 septembre 2022 est en train de s’évaporer peu à peu. Elle laisse place à l’inquiétude et au questionnement d’une gestion qui doit davantage rassurer. C’est ainsi dire que le peuple tourne progressivement la page pour commencer à exiger assez de choses de ses dirigeants que de se nourrir de l’expectation et du procès de l’ancien système.

Quand le mépris, l’arrogance et la haine des anciens sont mêlés au niveau très questionnable des collaborateurs du sommet, il est difficile d’espérer mieux, malgré la volonté évidente de bien faire de l’homme du palais Mohamed 5.

La réalité du pouvoir est tout autre. Les dirigeants actuels savent désormais bien décoder cette expression qui les a amenés au mépris des discussions préalables avec les acteurs sociaux, de décider de l’augmentation du prix du litre du carburant à la pompe.

Certainement pour éviter de trainer les pas et ainsi retarder l’échéance. Ce qui allait être davantage dommageable aux caisses saugrenues de l’État, pourtant annoncées trop pleines, dans un discours empreint de populisme et teinté d’une trop grande excitation.

Les arguments pour justifier la forfaiture sont empruntés de l’ancien régime. Les mêmes sur lesquels on crachait il n’y a pas si longtemps et qui suscitaient des commentaires en procès d’un système alors jugé cynique qui n’en avait cure de la souffrance des Guinéens.

La contestation de la décision sera réprimée dans le sang. Les mêmes modes opératoires qui rappellent les mauvaises pratiques de la gestion de l’expression de cette liberté fondamentale. Des actes pourtant abondamment dénoncés par les nouvelles autorités au point d’ouvrir des procès contre l’ancien Président et certains de collaborateurs pour de présumés crimes de sang.

« Trop de sang d’innocent a été versé dans notre pays », rappelait en boucle le chef de la junte au pouvoir dans le pays. Et son ministre de la sécurité d’embrayer pour pointer la qualité du maintien d’ordre des policiers qui sont à cet effet, du fait de la litote, indexés comme les tueurs. Pourquoi avait-on besoin de chercher les coupables ailleurs ?

Les discours et volonté exprimés suite à la mort de Thierno Mamadou Diallo leur donnent certes une période de grâce, en attendant d’avoir la suite des engagements pris. Ce qui consiste à rechercher et à condamner le premier « crime d’Etat » sous l’ère CNRD.

L’alerte d’une situation interne en perspective explosive est déjà donnée.

Et Macky Sall, le Président en exercice de l’Union africaine, qui est par ailleurs l’un des chefs d’Etat les plus influents de la sous-région, a donné le signal des relations difficiles futures entre l’institution sous régionale et la junte Guinéenne.

Un gouvernement peut se retenir d’agir, mais ne peut pas s’abstenir de réagir. Ce principe de gouvernance est mal assimilé. Car, il s’agit de réagir quand c’est pour répondre aux préoccupations des populations.

Mais sous les tropiques, dans le pays du Non au général de Gaule, on semble en abuser pour réaffirmer son nationalisme. En effet, refuser d’avoir une injonction de l’extérieur pour un peuple fier, cependant martyrisé.

C’est une habitude dont usent tous les dirigeants du pays de manière parfois à ne rien arranger.

La réunion des chefs d’Etat de la sous-région nous en dira plus quant à l’opportunité et à la pertinence de ces réactions.

Il reste alors évident, que la réalité du pouvoir révèle sans doute l’impéritie des dirigeants pour la plupart.

A cet effet, une remise en cause est nécessaire avant qu’il ne soit trop tard.

Mognouma In Djoma Media