Ethiopie : Abiy dénonce les velléités anticonstitutionnelles de l’opposition pour s’emparer du pouvoir

Ethiopie : Abiy dénonce les velléités anticonstitutionnelles de l’opposition pour s’emparer du pouvoir

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a mis en garde jeudi contre l’opposition qui, selon lui, souhaiterait profiter du report des élections fin août en raison de l’épidémie de coronavirus pour s’emparer du pouvoir par des moyens anticonstitutionnels.

“Ceux qui poussent à des manœuvres anticonstitutionnelles afin de se saisir du pouvoir (…) seront punis par la loi”, a averti M. Abiy, prix Nobel de la paix 2019 dans un discours publié sur son profil Facebook.

Le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique avec quelque 100 millions d’habitants devait organiser des élections générales fin août, M. Abiy espérant y obtenir un mandat clair du peuple pour poursuivre ses réformes économiques et politiques.

Mais la commission électorale a reporté sine die le scrutin en raison de l’épidémie de Covid-19.

Dés lors, il n’y aura pas d’élection avant la fin du mandat des députés en octobre, une situation synonyme de crise politique selon certains analystes et responsables de l’opposition.

La Constitution éthiopienne n’offre guère de réponse sur ce cas précis. Mardi, les députés ont formellement saisi la chambre haute du Parlement pour qu’elle se prononce sur une “interprétation de la Constitution” qui pourrait offrir une solution à cette impasse.

Cette saisine, par une assemblée nationale entièrement acquise à la cause du régime, a suscité les critiques de l’opposition qui voudrait faire entendre sa voix dans le débat.

Un des responsables de l’opposition, Jawar Mohammed, a ainsi qualifié les propos du Premier ministre de “menaces pour réduire au silence, pour intimider” l’opposition.

“Cette menace est malvenue et contre-productive. Personne n’a dit que nous voulions prendre le pouvoir de façon anticonstitutionnelle. En fait, c’est lui et son parti qui sont en train de le faire”, a déclaré l’opposant à l’AFP.

Accentuant un peu plus les tensions, le Front de libération des peuples du Tigré (TPLF), autrefois dominant dans la coalition au pouvoir et marginalisé par Abiy Ahmed depuis son entrée en fonction en 2018, a annoncé son intention d’organiser des élections dans la région du Tigré fin août comme prévu.

Le climat politique actuel crée “un contexte favorable côté opposition pour remettre en cause la légitimité du gouvernement, ce qui pourrait provoquer plus d’instabilité”, a estimé le chercheur William Davison, du groupe de réflexion International Crisis Group (ICG).

Il est “crucial que le gouvernement de M. Abiy continue de discuter” avec l’opposition en vue de l’organisation des futures élections, a-t-il poursuivi.

L’Éthiopie a à ce jour enregistré 187 cas positifs au Covid-19. Des experts s’inquiètent des faibles capacités du système de santé en cas d’explosion du nombre de cas.

AFP

 

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