Un collectif guinéen a reporté son appel à manifester lundi à l’occasion des funérailles d’un jeune tué par balle, rassemblement qui faisait craindre une première confrontation avec les nouvelles autorités dominées par les militaires.
Des membres de la famille ont pour leur part indiqué que l’enterrement était reporté. Les proches de Thierno Mamadou Diallo devaient l’enterrer lundi dans la banlieue de Conakry. Le Front national pour la défense de la Constitution, collectif qui a orchestré la contestation contre l’ex-président Alpha Condé, avait appelé à une marche sous le slogan « Justice plus jamais ça ».
Le procureur général de Conakry, Alphonse Charles Wright, a indiqué dimanche que les résultats des investigations sur les circonstances de la mort seraient divulgués lundi matin. Il a aussi prévenu que les autorités séviraient « en cas de problème » lors de la marche. De tels rassemblements ont dégénéré par le passé.
Le FNDC a salué dans un communiqué « l’engagement pris par le procureur général, sous la contrainte et la pression de l’opinion, de communiquer sur le rapport d’autopsie (…) et d’identifier le coupable du meurtre ». Il affirme que le parquet général a refusé de mettre la dépouille à la disposition de la famille. Il annonce le report de la cérémonie funèbre mais appelle « à maintenir la pression sur les autorités ».
Deux membres de la famille s’exprimant sous le couvert d’anonymat ont dit à un correspondant de l’AFP que l’inhumation était reportée. Ils ont invoqué ce que l’un d’eux a appelé « la guerre que se livrent la justice et les acteurs politiques et sociaux ».
Thierno Mamadou Diallo, 19 ans, a été tué le 1er juin lors de heurts entre forces de sécurité et manifestants protestant contre la hausse des prix du carburant. Il est l’un des tout premiers Guinéens tués dans un contexte de contestation depuis que des militaires ont renversé le président Condé le 5 septembre 2021.
Son décès a ravivé le souvenir des dizaines de Guinéens tués entre 2019 et 2021 lors de manifestations contre un troisième mandat du président Condé. La junte désormais au pouvoir a promis de rompre avec les agissements du passé.
L’ouverture d’enquêtes contre un certain nombre de personnalités, l’arrestation d’une partie d’entre elles, l’interdiction de toute manifestation politique et la mise à l’écart dénoncée par les partis ou la société civile suscitent une grogne grandissante contre un exercice perçu comme solitaire et autoritaire du pouvoir.
Avec AFP