Kakhovka L’Ukraine et la Russie s’accusent mutuellement d’avoir partiellement détruit le barrage de Kakhovka

Kakhovka  L’Ukraine et la Russie s’accusent mutuellement d’avoir partiellement détruit le barrage de Kakhovka

L’Ukraine et la Russie s’accusent mutuellement d’avoir partiellement détruit le barrage de de Kakhovka, situé dans les zones de la région de Kherson occupées par la Russie dans le Sud de l’Ukraine, a été partiellement détruit ce mardi 6 juin, Moscou et Kiev s’accusant mutuellement d’en être responsables.

Les forces ukrainiennes ont effectué de « multiples frappes » sur le barrage de Kakhovka dans la nuit de lundi à mardi, a déclaré sur Telegram le maire de la ville de Nova Kakhovka, Vladimir Leontiev, en affirmant qu’elles avaient détruit les robinets-vannes du barrage et provoqué un « rejet d’eau incontrôlable ». « Le barrage n’est pas détruit et c’est un bonheur immense », a-t-il toutefois assuré.

Pour sa part, l’armée ukrainienne a accusé dans un communiqué la Russie d’avoir organisé une explosion sur le barrage. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a convoqué d’urgence son conseil de sécurité, a annoncé le chef de l’administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak, sur Telegram, en dénonçant un « crime de guerre ».

L’explosion du barrage devrait boulverser cet écosystème et produire des dégâts considérables.

Des dizaines de villages des 2 côtés devraient être affectés. Peu de chance qu’ils soient détruits par une vague brutale, mais plutôt inondés par la montée du niveau des eaux. 3/ pic.twitter.com/UR5TGj4ayb

— Sébastien Gobert (@SebaGobert) June 6, 2023

Les premières images de drones sont déjà là et elles sont impressionnantes. On y voit des millions de mètres cubes d’eau se déverser lentement hors de leurs réservoirs et la situation va très vite devenir critique d’ici 4 ou 5 heures, selon l’administration militaire régionale, qui demande aux résidents des villages alentours d’évacuer le plus vite possible. Priorité donnée à une dizaine de petites communes qui pourraient être atteintes et inondées dès la mi-journée, ainsi que certains quartiers de la ville de Kherson qui se trouvent en aval du barrage.

Inquiétude autour de la centrale de Zaporijjia
L’autre inquiétude majeure, c’est la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande centrale d’Europe qui était jusqu’ici en partie refroidie par ce réservoir d’eau. Il va falloir étudier de très près quels risques nucléaires pèsent sur la région à la suite de cet incident. Le danger de « catastrophe nucléaire » à la centrale « augmente rapidement », a averti Mykhaïlo Podoliak un conseiller à la présidence ukrainienne. « Le monde se retrouve une fois de plus au bord d’une catastrophe nucléaire, car la centrale nucléaire de Zaporijjia a perdu sa source de refroidissement », a-t-il déploré dans un message adressé à des journalistes.

La direction de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, sous occupation russe, a affirmé que la destruction partielle du barrage, dont l’eau sert à son refroidissement, ne représente pas une menace pour l’installation. « À l’heure actuelle, il n’y a pas de menace pour la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijjia. Cinq blocs sont arrêtés à froid, l’un est à « l’arrêt à chaud ». Le niveau de l’eau du bassin de refroidissement n’a pas changé », a indiqué sur Telegram le directeur, Iouri Tchernitchouk, installé par l’occupation russe.

L’Agence internationale de l’énergie atomique s’est aussi voulue rassurante, estimant qu’il « n’y avait pas danger nucléaire immédiat ». « Les experts de l’AIEA » présents sur le site « surveillent de près la situation », a ajouté l’instance onusienne dans un tweet, alors que la centrale utilise l’eau du fleuve pour refroidir le combustible des cœurs des réacteurs.

L’Ukraine estime que la Russie veut freiner son offensive
Quant à la cible, ce n’est pas une surprise pour les services de renseignements, qu’ils soient ukrainiens ou Russes. Les deux camps s’accusent mutuellement depuis plusieurs semaines de préparer des actes de sabotage aux alentours de ce barrage. « L’objectif des terroristes est évident : créer des obstacles pour les actions offensives des forces armées » ukrainiennes, a estimé Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne, dans un message adressé à des journalistes.

Plusieurs villages ont été « complètement ou en partie » inondés en Ukraine. « Environ 16 000 personnes se trouvent en zone critique », a déclaré sur les réseaux sociaux Oleksandre Prokoudine, chef de l’administration militaire de la région de Kherson. Mais aucune grande localité n’est menacée d’inondation, a estimé sur Telegram Andreï Alekseïenko. Le chef du gouvernement de la région de Kherson, installé par la Russie, a aussi ajouté que « la situation est entièrement sous contrôle ». Pour sa part, Vladimir Leontiev, le maire de la ville de Nova Kakhovka installé par la Russie, a annoncé peu après l’évacuation d’habitants d’ « environ 300 maisons » situées directement sur les rives du Dniepr.

Le barrage de Kakhovka, pris dès le début de l’offensive russe en Ukraine, permet notamment d’alimenter en eau la péninsule de Crimée, annexée en 2014 par Moscou. Aménagé sur le fleuve Dniepr en 1956, pendant la période soviétique, l’ouvrage est construit en partie en béton et en terre. Il s’agit de l’une des plus grandes infrastructures de ce type en Ukraine.

Les occidentaux dénoncent « un acte scandaleux » et le « crime de guerre » de la Russie

Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg s’est dit ce mardi 6 juin scandalisé par l’attaque contre le barrage hydroélectrique de Kakhovka qui « démontre une fois de plus la brutalité de la guerre menée par la Russie ». La destruction du barrage de Kakhovka est « un acte scandaleux » qui « met en danger des milliers de civils et cause de graves dommages à l’environnement », a-t-il tweeté. Un peu plus tôt, le président du Conseil européen Charles Michel a affirmé que la Russie devrait rendre des comptes. « Choqué par l’attaque sans précédent sur le barrage de Nova Kakhovka », a tweeté Charles Michel. « La destruction d’une infrastructure civile est clairement un crime de guerre et nous demanderons des comptes à la Russie et à ses affiliés ». Le chancelier allemand Olaf Scholz a estimé dans une interview accordée aux chaînes WDR et ZDF que cette attaque donnait à la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine une « nouvelle dimension », « mais qui correspond aussi à la manière dont Poutine mène cette guerre ». « C’est aussi quelque chose qui s’inscrit dans beaucoup des crimes que nous avons vus en Ukraine, qui ont été commis par des soldats russes et qui font partie d’une manière de faire la guerre qui a toujours visé des cibles civiles – des villes, des villages, des hôpitaux, des écoles, des infrastructures », a dit le dirigeant allemand. De son côté, le Royaume-Uni a aussi dénoncé l’attaque de Kakhovka. « La destruction du barrage de Kakhovka est un acte odieux, a tweeté le chef de la diplomatie, James Cleverly. L’attaque intentionnelle d’infrastructures exclusivement civiles est un crime de guerre. Le Royaume-Uni est prêt à soutenir l’Ukraine et les populations touchées par cette catastrophe. »

(Avec AFP)