Un séisme – le plus puissant qu’ait connu l’île depuis 25 ans – s’est produit mercredi près des côtes de Taïwan, provoquant une alerte au tsunami dans l’île, tout comme au Japon et aux Philippines, finalement levée. Un bilan provisoire fait état de neuf morts et plus de 800 blessés. De nombreux immeubles se sont effondrés dans la ville de Hualien.
Un séisme sous-marin de magnitude supérieure à 7 s’est produit mercredi 3 avril près de Taïwan, le plus puissant à frapper l’île depuis 25 ans, déclenchant dans la région des alertes au tsunami avant que le risque ne soit finalement écarté.
Neuf personnes ont été tuées et plus de 800 ont été blessées, selon un nouveau bilan provisoire. Tous les décès se sont produits dans le comté de Hualien, près de l’épicentre du séisme dans l’est de l’île. Trois des victimes ont péri sur un sentier de randonnée, écrasées par des rochers dont la chute a été provoquée par le séisme. Une autre victime, un chauffeur routier, a trouvé la mort dans un glissement de terrain en s’approchant d’un tunnel.
L’agence de lutte anti-incendie n’a pas indiqué immédiatement les circonstances des autres décès, portant le nombre des blessés à 821, sans préciser la gravité des blessures.
Au moins 26 immeubles se sont effondrés dans la ville de Hualien et 77 personnes sont toujours piégées sous les décombres, selon les pompiers.
La magnitude du séisme a été estimée à 7,5 par l’Agence météorologique japonaise (JMA), à 7,4 par l’Institut américain d’études géologiques (USGS) et à 7,2 par l’agence météorologique taïwanaise (CWA). Il a eu lieu à faible profondeur peu avant 0 h GMT, selon ces agences, et a été suivi de plusieurs répliques.
Le tremblement de terre a initialement déclenché des alertes au tsunami à Taïwan, dans les îles du sud-ouest du Japon et dans plusieurs provinces des Philippines, où la population des zones côtières a été priée de gagner les hauteurs.
Les autorités japonaises et philippines ont finalement annulé leurs alertes, et le Centre d’alertes au tsunami du Pacifique, un observatoire régional basé à Hawaï (États-Unis), a annoncé vers 2 h GMT que « la menace de tsunami est maintenant largement passée », tout en appelant les habitants des régions littorales à rester prudents.
Normes de construction parmi les plus strictes au monde
L’aéroport de Naha, le plus important de l’île japonaise d’Okinawa, a suspendu le trafic aérien et les vols prévus vers cette destination ont été déroutés. Les enregistrements des vols au départ ont cependant repris après la levée de l’alerte.
Aucune victime n’a été signalée dans la région d’Okinawa, a déclaré le porte-parole du gouvernement nippon, Yoshimasa Hayashi. Selon la JMA, des vagues de 30 cm ont été signalées dans les îles de Yonaguni et Miyako, et de 20 cm dans celle d’Ishigaki, toutes situées à l’extrême sud-ouest de l’archipel.
« Mon logement a tremblé violemment, les tableaux accrochés au mur, ma télévision et mon bar sont tombés », a déclaré un habitant de Hualien à la chaîne de télévision SET TV.
Des règles de construction strictes et une bonne préparation aux catastrophes naturelles semblent avoir cependant permis d’éviter une catastrophe majeure pour l’île, régulièrement frappée par des séismes.
À Taïwan, des photos publiées par l’Agence centrale d’informations (CNA) ont montré un bâtiment rouge de sept étages à Hualien partiellement effondré, incliné à environ 60 degrés.
« Le séisme est proche de la côte et peu profond. Il est ressenti dans tout Taïwan et dans les îles voisines… C’est le plus fort depuis 25 ans, depuis le tremblement de terre de 1999 », a déclaré aux journalistes le directeur du Centre sismologique de Taipei, Wu Chien-fu. Un séisme de magnitude 7,6 avait alors fait 2 400 morts en septembre 1999, la pire catastrophe de l’histoire moderne de Taïwan.
Dans la capitale taïwanaise, le métro a brièvement cessé de fonctionner mais le trafic a repris au bout d’une heure. Les habitants ont été priés de vérifier d’éventuelles fuites de gaz provoquées par la secousse.
« J’ai voulu m’enfuir mais je n’étais pas habillé. C’était tellement fort », a déclaré Kelvin Hwang, un client d’un hôtel du centre-ville, qui s’est réfugié dans le hall de l’ascenseur au neuvième étage.
Taïwan et le Japon, à la frontière de plusieurs plaques tectoniques
Des bulldozers ont été mobilisés pour dégager des rochers qui bloquent des routes vers Hualien, selon des images diffusées par les chaînes locales.
Les routes principales menant à la ville passent par de nombreux tunnels et les autorités craignent que des véhicules et passagers soient piégés à l’intérieur.
« Nous devons vérifier soigneusement combien de personnes sont piégées et nous devons les secourir rapidement », a déclaré à des journalistes le vice-président Lai Ching-te, appelé à devenir le nouveau président de Taïwan en mai.
La présidente actuelle Tsai Ing-wen a ordonné aux agences gouvernementales locales et centrales de se coordonner et a annoncé que l’armée apporterait également son soutien.
La principale voie ferrée reliant la capitale Taipei vers le sud, le long de la côte orientale, et qui a été coupée à plusieurs endroits, était en cours de réparation.
Situés à la frontière de plusieurs plaques tectoniques, Taïwan et le Japon sont fréquemment touchés par des séismes. Pour limiter les risques autant que possible, les deux pays appliquent des normes de construction parmi les plus strictes au monde.
Au Japon, la catastrophe de Fukushima (nord-est) en mars 2011, qui a fait environ 20 000 morts et disparus, est encore dans toutes les mémoires. Un séisme sous-marin de magnitude 9,0 avait entraîné un gigantesque tsunami sur la côte nord-est du pays, lequel avait aussi provoqué l’accident nucléaire de Fukushima Daiichi, le pire depuis celui de Tchernobyl en 1986.
La péninsule de Noto, dans le centre du Japon, a par ailleurs subi un séisme de magnitude 7,5 le 1er janvier, qui a fait plus de 240 morts, notamment à cause de l’effondrement de nombreuses maisons anciennes en bois.
Avec AFP