Le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla, a été limogé et son gouvernement a été dissout, annoncé vendredi un décret signé par le capitaine Ibrahim Traoré, le chef de la junte au pouvoir.
Le chef de la junte au pouvoir au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a démis de ses fonctions le Premier ministre et dissout le gouvernement vendredi 6 décembre, selon un décret présidentiel transmis à l’AFP.
« Il est mis fin aux fonctions du premier ministre », annonce le décret signé par le « président du Faso » — le capitaine Traoré –, ajoutant que « les membres du gouvernement dissout expédient les affaires courantes jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement ».
Aucune précision n’a été fournie sur les raisons de cette décision.
Nommé au poste de Premier ministre en octobre 2022 à la suite du coup d’État porté par Ibrahim Traoré en septembre de la même année, Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla a dirigé trois gouvernements successifs.
Le Burkina Faso est plongé dans une instabilité politique depuis début 2022, où le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba s’était emparé du pouvoir par un coup d’État contre le président Roch Marc Christian Kaboré.
Paul-Henri Sandaogo Damiba Damiba a été évincé lors d’un second putsch huit mois plus tard, orchestré par le capitaine Ibrahim Traoré. Il est aujourd’hui en exil au Togo.
Dégradation sécuritaire
Avec le Mali et le Niger, également dirigés par des juntes militaires, le Burkina a tourné le dos à la France, l’ancienne puissance coloniale, en créant en septembre 2023 l’Alliance des États du Sahel (AES), dans le cadre d’un rapprochement avec d’autres puissances comme la Russie.
Lors d’un sommet Russie-Afrique en novembre à Sotchi (Russie), le ministre des Affaires étrangères burkinabè, Karamoko Jean-Marie Traore, avait jugé la « coopération » avec la Russie « davantage adaptée pour le peuple » de son pays.
« C’est un pays avec lequel on peut faire des progrès », avait-il souligné dans une interview à l’AFP en marge de ce sommet.
Comme ses alliés au sein de l’AES, le Burkina est confronté à de nombreuses attaques de groupes armés jihadistes et près de deux millions de Burkinabè sont déplacés à cause du conflit.
Ces violences ont fait plus de 26 000 morts au Burkina depuis 2015, civils et militaires, dont plus de 13 500 depuis le coup d’État de septembre 2022, selon l’ONG Acled qui recense les victimes de conflits dans le monde.
Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), une organisation qu’ils jugent instrumentalisée par la France.
Début juillet, ces trois pays avaient fait un pas de plus vers le divorce avec le reste du bloc ouest-africain en actant la création d’une confédération entre leurs trois États.
Cette confédération de quelque 72 millions d’habitants ambitionne de « franchir une étape supplémentaire vers une intégration plus poussée entre les États membres », selon le communiqué publié lors de sa création en juillet.
Avec AFP