Le président français, Emanuel Macron a affirmé avoir réorganisé sa présence militaire sur le continent africain et avoir laissé la primeur de l’annonce du départ des troupes françaises par politesse aux pays africains. Cette sortie du président français a fait couler assez d’encre et de salives. Au Sénégal, il n’y aucune ambigüité, ‘’toutes les bases militaires étrangères sont concernées par le départ annoncé’’. Et c’est le ministre sénégalais de la Formation professionnelle et porte-parole du gouvernement, Amadou Moustapha Njekk Sarré qui a fait cette annonce. C’était à l’occasion d’une interview qu’il a bien voulu accorder à la radio France internationale ‘’Rfi’’.
A l’entame de son propos, le ministre Amadou Moustapha Njekk Sarré a d’abord déploré la forme relative à la déclaration, du président français. Selon lui : « diplomatiquement parlant, on a vu un président particulièrement condescendant et même autant dans bien des formes. On l’a entendu parler de politesse, on l’a entendu également parler d’absence de remerciement. Tout ça, ce n’est pas diplomatique et c’est à déplorer. La deuxième chose, c’est que dans le fond, nous avons bien vu que le président Macron est totalement passé à côté. Et pour ce qui concerne le Sénégal, ce qu’il a dit n’a rien à voir avec la vérité. La présence de l’armée française n’a eu aucune influence sur la stabilité du Sénégal. Le Sénégal a toujours été un pays stable et jamais on n’a eu besoin de recourir à des forces étrangères pour permettre à notre pays d’être stable. À la place de cette condescendance-là, le président français devait au moins présenter des excuses aux Africains. Et malheureusement, il a eu cette sortie que nous trouvons tout à fait malheureuse » a-t-il regretté.
Rfi : Pour revenir au Sénégal, le président Bassirou Djomaye Faye a annoncé le 28 novembre dernier, puis à nouveau le 31 décembre 2024, le départ des troupes françaises qui restent au Sénégal dès 2025. Qu’en est-il ? Est-ce que c’est un départ qui a été négocié ou avec des échanges avec la France qui ont eu lieu sur ce sujet ?
Amadou Moustapha Njekk Sarré : Ce départ a été décidé de façon souveraine par le gouvernement sénégalais. Vous savez, nous, quand nous étions dans l’opposition, nous avions toujours réclamé la souveraineté totale de notre pays. Et arrivé à la tête du Sénégal, justement, il fallait donner corps à cette volonté, à cette promesse faite au peuple sénégalais. Et voilà pourquoi le président de la République a décidé, de manière souveraine, à revoir les accords de défense avec les étrangers, d’une façon générale. Et c’est ainsi qu’il a donné des instructions au ministre des Forces armées pour déterminer les modalités, justement, de renégociation de ces accords de défense. Et la conséquence, justement, de cette décision a été de demander aux forces étrangères, de quitter le sol sénégalais.
Rfi : Est-ce qu’il y a des échanges sur le fond entre Sénégalais et Français entre avril et maintenant sur le départ de ces troupes françaises au Sénégal ?
Il n’y a eu aucun échange. C’est le Sénégal qui a décidé de son propre chef de demander aux forces françaises de quitter et actuellement le ministre des forces armées entend déterminer les modalités.
Le 20 juin dernier, Bassirou Djomaye Faye a rencontré le président français Emmanuel Macron. Quand Emmanuel Macron lui a demandé s’il souhaitait le départ des troupes françaises, Bassirou Djomaye Faye a répondu ne pas avoir pris encore de décision pour le moment. Est-ce qu’il y a eu quelques mois d’hésitation entre juin et novembre.
C’était certainement le timing de la réflexion, mais ce qui est sûr et certain, c’est que la décision de faire quitter les forces étrangères du sol sénégalais était prise depuis très longtemps. Diplomatiquement parlant, il ne pouvait pas aussi publiquement dévoiler la décision qu’il allait prendre.
Rfi : 200 militaires français environ sont encore basés au Sénégal. Quel est le chronogramme envisagé pour le départ de ces troupes ?
L’émission des forces armées fera certainement une sortie pour déterminer les modalités. Vous serez informés.
Du côté des militaires français, on dit qu’ils sont en attente de savoir qu’est-ce que souhaite le gouvernement sénégalais. Qu’en est-il ? Est-ce qu’il y a des réunions prévues pour pouvoir parler de tout ça ?
Ça n’a pas encore été décidé, mais ça se décidera.
Est-ce que vous savez quelles emprises sont concernées ? Parce qu’il y a deux emprises près du Port, une emprise à Ouakam, il y a aussi cette base d’écoute à Rufisque. Est-ce que ces quatre emprises qui vont partir ?
Mais forcément, quand on parle de sortie des troupes françaises, des troupes étrangères du sol sénégalais, il s’agit de toutes les troupes qui doivent quitter le Sénégal.
Nous allons reprendre toutes les emprises entre les mains de l’armée française actuellement.
Qu’en est-il des Américains ? Il y a, je crois, au Sénégal aussi la présence de soldats américains. Est-ce qu’ils vont aussi être amenés à partir ?
Toutes les forces étrangères sont concernées parce que nous voulons recouvrir la souveraineté totale de notre pays.
Toutes les forces étrangères sont concernées, pas spécifiquement la France.
Amadou Moustapha Njekk Sarré, merci.
Avec RFI
