L’attaque du Hamas du 7 octobre a eu de nombreuses répercussions pour les populations palestiniennes de Jordanie. Tandis que certains craignent de voir mourir leurs familles présentes dans l’enclave, d’autres ne peuvent plus se rendre en Israël pour travailler à cause de la guerre. RFI s’est rendu dans l’un des plus grands camps palestiniens de Jordanie, au nord d’Amman.
Veste sans manche vertes, cheveux grisonnants et voix grave de celui qui enchaîne les cigarettes, Mahmoud, 54 ans est un Palestinien de Gaza. C’est derrière le comptoir de l’échoppe d’un ami, à dix minutes du camp, qu’il tente d’appeler via Messenger son cousin Sami, qui est à Gaza : « Ça coupe Sami, ça coupe. »
« La situation est vraiment très compliquée de manière générale. Les bombes tombent jour et nuit tout près de l’endroit où il se situe. Tous les jours, de nouvelles localités sont bombardées. La dernière fois que j’ai réussi à l’avoir au téléphone, c’était il y a une semaine. Ils ont réussi à se réfugier dans l’hôpital d’al-Shifa mais les bombes tombent vraiment pas loin de là », raconte-t-il.
Fouillé de la tête aux pieds
Lunettes vissées sur la tête, Moustafa, est un autre habitant du camp de Baqa’a, au nord d’Amman. Originaire de Ramallah, voilà un an qu’il travaille en Israël pour gagner un meilleur salaire qu’en Jordanie. Le 10 octobre dernier, trois jours après l’attaque du Hamas, il est en plein travail tout près de Tel-Aviv quand tout bascule, nous explique son ami froidement. « Lorsqu’il était en Israël, il a été fouillé, fouillé de la tête aux pieds jusqu’au moment où ils l’ont déshabillé, rapporte-t-il. La police israélienne pensait que c’était un terroriste du Hamas mais ce jeune était simplement un Palestinien de Jordanie présent en Israël pour travailler afin de ramener de l’argent au camp pour sa famille ici. »
Tandis que Mahmoud a déjà perdu treize membres de sa famille depuis le 7 octobre dernier, Moustafa lui, est au chômage et attend que ces patrons israéliens lui envoie l’équivalent d’un an de salaire qu’ils lui doivent, soit 5 000 dollars,
Entre la crainte de voir leurs proches mourir et les impacts économiques de la guerre, c’est la double peine pour les Palestiniens vivant en Jordanie.
Avec RFI