Les Gambiens élisent samedi leurs députés lors de législatives devant permettre de consolider une jeune démocratie, et qui offrent au président, Adama Barrow, une occasion de renforcer son pouvoir après sa réélection en décembre pour un mandat de cinq ans.
La victoire surprise de M. Barrow à la présidentielle de 2016 en Gambie face au dictateur Yahya Jammeh – aujourd’hui en exil – avait permis de mettre fin, non sans peine, à plus de vingt ans d’un régime caractérisé par une multitude d’atrocités commises par l’Etat et ses agents : assassinats, disparitions forcées, viols, actes de torture…
Samedi, les bureaux de vote doivent ouvrir à 8H00 (heure locale et GMT) et fermer à 17H00. La campagne électorale qui s’est achevée jeudi soir après un mois a été sans relief à Banjul comme en province.
Le scrutin législatif vise à renouveler pour cinq ans les 58 sièges de l’Assemblée nationale : 53 députés doivent être élus au scrutin majoritaire à un tour, les cinq autres, dont le président de ce parlement monocaméral, étant nommés par le chef de l’Etat. Les résultats sont attendus pour dimanche.
Une des tâches de la prochaine législature devrait être de voter une nouvelle Constitution, dont l’adoption est jugée indispensable par les partenaires internationaux de la Gambie pour y consolider la démocratie notamment en contenant les pouvoirs du président.
M. Barrow a promis que ce chantier serait achevé à la fin de son mandat, mais le Parlement sortant a rejeté, en septembre 2020, un projet de Constitution instituant une limite de deux mandats présidentiels. Les partisans de M. Barrow s’étaient alors opposés au caractère rétroactif de cette limitation, qui empêcherait le chef de l’Etat de se représenter en 2026.
Le Parti national du peuple (NPP), formation de M. Barrow, créée en 2020 après l’éclatement de la coalition l’ayant porté au pouvoir contre M. Jammeh, vise la majorité au Parlement. La chambre sortante est dominée par le Parti démocratique unifié (UDP) de l’opposant Ousainou Darboe, rival malheureux du chef de l’Etat à la présidentielle de décembre.
M. Barrow a été accusé par l’opposition et un responsable de la société civile d’avoir illégalement appuyé les candidats de son parti en utilisant les moyens de l’Etat, lors d’une tournée nationale pendant la campagne. Cette tournée visait officiellement à s’enquérir des besoins des Gambiens pour leur prise en charge.
Plus petit Etat d’Afrique continentale, la Gambie, pays anglophone de deux millions d’habitants, est constituée d’une étroite bande de terre enclavée dans le territoire du Sénégal. Elle fait partie des vingt pays les moins développés au monde, selon l’ONU.
Particularité locale : les Gambiens votent avec une bille introduite par un tuyau dans un des bidons aux couleurs et à l’effigie de chaque candidat, un procédé institué sous la colonisation à cause d’un illettrisme largement répandu.
Avec AFP