Pays-Bas: après la victoire du parti d’extrême droite de Geert Wilders, place aux calculs politiques pour former un gouvernement

Pays-Bas: après la victoire du parti d’extrême droite de Geert Wilders, place aux calculs politiques pour former un gouvernement

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Coup de tonnerre aux Pays-Bas : les partis traditionnels espéraient à nouveau tirer leur épingle du jeu depuis les derniers sondages qui les remettaient dans la course face aux nouveaux partis du Mouvement agriculteur citoyen et du Nouveau contrat social. Mais, la large avance accordée au parti d’extrême droite de Geert Wilders, chef de file du Parti pour la liberté, rebat les cartes pour la formation d’un gouvernement.

Passé la surprise des résultats hier soir, les Pays-Bas se réveillent ce jeudi avec un paysage politique chamboulé. Le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders, avec 37 sièges, récolte près d’un quart des 150 sièges que compte au total la deuxième Chambre des États généraux, devenant ainsi le premier parti du Parlement. Loin derrière, avec dix sièges de moins malgré sa progression, arrive l’alliance travaillistes-écologistes.

Les électeurs ont surtout infligé une sérieuse punition aux trois principaux partis de la coalition sortante. Le pire résultat est celui de D66, au centre gauche, qui perd quinze sièges. Une dizaine de sièges perdus aussi pour les libéraux, parti de l’ancien Premier ministre Mark Rutte ainsi que pour les chrétiens-démocrates. C’est de ce parti qu’est issu Pieter Omtzigt, qui a fondé en août son Nouveau contrat social (NSC) qui entre au Parlement dès sa première participation avec 20 sièges.

Les calculs de coalition vont bon train et même si les partis de la coalition sortante affirment ne pas vouloir gouverner avec Geert Wilders. Traditionnellement, même si ce n’est pas une règle absolue, le Premier ministre est issu du parti le mieux représenté au Parlement, soulignait Philippe Mongrain, chercheur en sciences politiques à l’université d’Anvers en Belgique, interrogé mercredi soir sur RFI. Mais rien n’est en fait joué d’avance, car son parti a déjà été membre d’une coalition il y a 13 ans, en septembre 2010, comme partenaire « silencieux », soutenant le gouvernement au Parlement sans avoir de portefeuille ministériel. Et en août dernier, pour la première fois, le VVD de Mark Rutte, par la voix de Dilan Yeşilgöz-Zegerius, déclarait ne plus exclure de participer à une coalition aux côtés de l’extrême droite. Reste à savoir si cette ligne tiendra toujours maintenant que l’extrême droite est de loin le plus grand parti.

Pour Philippe Mongrain, chercheur en sciences politiques à l’Université d’Anvers en Belgique, le processus de formation de coalition peut être long

« Le processus de formation des coalitions est assez lent. Habituellement, c’est plusieurs mois. Je pense que la dernière coalition s’était formée après 271 jours, donc il va falloir être patient. Mais il serait possible de voir une coalition très à droite, avec une ligne dure sur le plan de l’immigration, qui pourrait être une coalition du parti de Geert Wilders mais aussi du VVD, ce sont quand même deux partis de droite qui ont certaines affinités.

Et on peut aussi imaginer qu’étant donné que la gauche a fait un assez bon résultat, ils pourraient essayer de négocier une entente de coalition sans le PVV, bien sûr, parce que disons que ce sont des partis qui ont des positions assez contraires sur plusieurs enjeux, notamment en matière d’immigration et de climat.

La coalition qui va se former après les élections va avoir un impact majeur non seulement sur les politiques en matière de climat et d’immigration, mais aussi sur la place des Pays-Bas dans l’Union européenne. »

Avec RFI