Réinventer la justice africaine selon le magistrat Mohamed Diawara : entre idéal et nécessité de réforme

Réinventer la justice africaine selon le magistrat Mohamed Diawara : entre idéal et nécessité de réforme

Dans un monde où les systèmes judiciaires africains font souvent face à des critiques sur leur indépendance et leur intégrité, le rêve exprimé par le président de l’Association des Magistrats de Guinée, Mohamed Diawara, résonne comme un appel puissant à la transformation. Mais que signifie concrètement une justice indépendante, transparente et accessible, et comment les États africains peuvent-ils traduire cette vision en réalité ?

Mohamed Diawara a tout à fait raison. Le défi de l’indépendance et de la transparence est à relever. L’indépendance judiciaire demeure l’épine dorsale d’un État de droit véritable. Pourtant, dans de nombreux pays africains, les systèmes judiciaires restent soumis à des influences politiques, économiques ou ethniques. Cette mainmise limite leur capacité à garantir l’égalité devant la loi. Une justice indépendante exige des magistrats libres de toute pression et une gouvernance judiciaire affranchie de la collusion avec les pouvoirs exécutif et législatif.

Pour y parvenir, il est crucial de réviser les lois et pratiques qui rendent les magistrats vulnérables, notamment par la nomination et la révocation arbitraires. Des institutions fortes et des mécanismes de contrôle transparents sont indispensables pour éradiquer les pratiques de corruption qui gangrènent les tribunaux.

Il a bien vu et compris la problématique de l’accessibilité et respect des droits humains. En vérité, une justice accessible ne se limite pas à des infrastructures physiques ou des tribunaux ouverts. Elle implique un accès équitable à une défense de qualité, particulièrement pour les plus vulnérables : les femmes, les enfants, les minorités et les populations rurales. Or, les frais judiciaires prohibitifs, le manque d’assistance juridique et les barrières linguistiques continuent de marginaliser de nombreuses populations.

Intégrer les droits humains dans l’ADN des systèmes judiciaires africains est également essentiel. Cela nécessite une éducation juridique renforcée pour les magistrats et une sensibilisation des citoyens à leurs droits, afin de rééquilibrer les rapports de force entre les institutions judiciaires et le peuple.

Réinventer la justice africaine, selon le magistrat Mohamed Diawara, c’est également assurer l’harmonie entre tradition et modernité. Là aussi, il dit vrai. A l’analyse, l’une des propositions les plus pertinentes du rêve du président Mohamed Diawara est l’intégration harmonieuse des mécanismes traditionnels et modernes. En Afrique, les systèmes de justice coutumière jouent un rôle fondamental dans la résolution des conflits, en particulier dans les zones rurales. Cependant, ces mécanismes doivent évoluer pour respecter les normes internationales, notamment en matière de droits des femmes et des minorités.

Une collaboration intelligente entre ces deux systèmes peut créer un cadre hybride, où la modernité consolide les forces de la tradition tout en remédiant à ses faiblesses. Le magistrat Diawara souhaite une justice pour la paix et la réconciliation.

Un impératif d’action collective

Dans tous les cas, la justice africaine doit devenir un pilier de paix et d’unité nationale. Les cicatrices laissées par des décennies d’injustice, de conflits armés et de marginalisation ethnique ou sociale appellent des réponses courageuses. La création de commissions vérité et réconciliation, combinée à des réformes judiciaires structurelles, peut aider à réparer les injustices historiques et à rétablir la confiance des citoyens.

Ce rêve de justice ne peut être réalisé que par une volonté politique ferme, des magistrats intègres et engagés, et une société civile mobilisée. Les partenaires internationaux ont également un rôle à jouer en soutenant des réformes structurelles et des initiatives d’éducation judiciaire.

En définitive, ce rêve du magistrat Diawara n’est pas une utopie. C’est une nécessité urgente pour bâtir des sociétés justes, équitables et inclusives en Afrique. Il appartient désormais aux leaders africains de traduire cette vision en actions concrètes. Car, comme l’a dit Nelson Mandela, « la justice est la pierre angulaire de la paix durable.»

Par Alpha Abdoulaye Diallo