La responsabilité sociale du journaliste en période de crise ne peut être qu’en fonction des circonstances mais plutôt définie dans le temps pour assurer la cohésion, l’unité nationale et l’intégrité du territoire.
Souvent telle n’est pas la perception de certains médias, mus par la hantise du scoop et de l’aura dans un paysage médiatique marqué par la concurrence déloyale, restée le plus souvent impunie.
L’évocation de la responsabilité sociale est perçue dans un tel contexte comme un palliatif aux manquements graves au code d’éthique et de la déontologie du journaliste dans le but de préserver la paix civile et sociale, gage du développement durable.
Cette résurgence de débat sur la responsabilité sociale de journaliste en période de crise découle donc de cette triste réalité et relègue aux calendes grecques l’insouciance de certains acteurs de ce secteur au regard des Lois sur la liberté de la presse qui prohibent tous propos pouvant mettre en péril la cohésion et l’unité nationale. Toute information n’est pas bonne à divulguer, d’autres susceptibles de provoquer les troubles à l’ordre public, ne doivent pas être relayées d’où l’autocensure des médias qui est vivement recommandée à l’aune des effets néfastes de divulgations de telles informations
Il n’est nullement question de remettre en cause le rôle des journalistes d’informer mais de rappeler l’étendue et la limite de ce rôle du journaliste d’informer, qui doit se faire dans les règles de l’art.
La crise sociale liée à la grève des enseignants du Syndicats libre des enseignants et chercheurs de Guinée(SLECG) est émaillée de menaces et d’interprétations erronées des textes de Lois de la part de certains responsables des pouvoirs publics et du syndicat
Ces divergences sont souvent des pièges ouverts, des nœuds gordiens, dont le dénouement nécessite la dextérité et l’apport des experts en matière de droit social, qui ont une certaine expertise du syndicat
Il en est de même du contentieux électoral lié à la crise post électorale à cause de l’incurie de ce processus avec son corollaire de dérives verbales, mal cernées par les médias, jetteraient de l’huile sur le feu.
La crise sociale et politique, qui agite donc la Guinée, est une opportunité pour les instances étatiques et non étatiques du pays, de jauger le niveau d’ancrage juridique et institutionnel des Lois sur la liberté de la presse au regard de l’évolution de ce secteur depuis plus de 7 ans.
Certes, certains médias font preuve de vigilance et d’alerte en période de crise, mais la majorité brille par leur insouciance à s’acquitter de leur rôle d’informer dans le strict respect du cadre règlementaire et statutaire des médias en vigueur en république de Guinée.
En Guinée, personne ne peut donc remettre en cause le droit des journalistes d’informer, mais pourvu que cette fonction s’exerce conformément au cadre règlementaire et statutaire en vigueur.
C’est la seule alternative crédible pour mériter la dépénalisation partielle des délits de presse, préserver l’image des médias au près du citoyen lambda, de l’Etat et de ses divers partenaires au développement.
Moussa Iboun Conté