Régime Alpha Condé : une démocratie de façade (Par Joseph Siba Guilavogui)

Plus de dix années de son avènement en Guinée, l’ouverture démocratique, imposée par la soif démocratique du peuple, n’est pas parvenu à trouver ses marques. Les partis ont peiné à s’imposer tant le champ politique est verrouillé. L’ancien parti d’opposition, très influant à l’époque, le Rassemblement du Peuple de Guinée RPG, dont il est toujours président d’ailleurs, qu’on croyait capable de désaltéré la soif du peuple, est venu en force au pouvoir après des décennies de combat politique. Contre toute attente il fût le seul maitre à bord du pays.

Avec le RPG (Rassemblement du Peuple de Guinée), lui et son parti se sont taillé la part du gâteau des sièges au Parlement. Le reste des sièges est partagé par une frange de parti d’oppositions, dont certains sont proches du pouvoir. L’hégémonie du RPG s’est raffermie à l’arrivée du Professeur Alpha Condé à la tête de l’Etat en 2010.

Depuis cette ouverture démocratique des années 1990, le pluralisme politique a été consacré par la loi. Cependant, sous son magistère, la création d’un parti était soumise à l’agrément du pouvoir. Et ce ‘’ Sésame’’ n’était pas facilement octroyé. Les formations qui ont réussi à le décrocher ont éprouvés néanmoins des difficultés à mener leurs activités sur le terrain. Les meetings et rassemblements sont soumis à l’autorisation des autorités. En fait le jeu politique était balisé. Et l’épée de Damoclès guette tout parti ou homme politique qui s’éloignait du terrain ainsi délimité. C’est dire que la marche de manœuvre des opposants fut étroite.

Candidat malheureux au scrutin présidentiel d’octobre 2020, marqué par la reconduction sans surprise du président Alpha Condé pour un troisième mandat d’affilé, Cellou Dalein Diallo, 70 ans, un enfant du système PUP, chef de file de l’opposition à l’époque et président d’un groupe de partis et personnalités ; parmi lesquelles figurent plusieurs ex-chefs gouvernants ; se sont rassemblés au sein de plusieurs blocs politiques.

Tous luttèrent pour le même objectif, à savoir le changement démocratique et l’alternance au pouvoir, mais avec des approches différentes. Certains ont toujours plaidé d’ailleurs pour l’implication de l’armée pour garantir une transition démocratique pacifique.

Ces coalitions n’ont pas semblées inquiéter le pouvoir Alpha. Même si elle fut numériquement importante, l’opposition est « contenue ». Sur la centaine des partis agréés, seulement une dizaine est visible sur le terrain. Les autres, sans ancrage populaire, ne sortent de leur hibernation qu’à la veille d’un rendez-vous électoral pour « offrir » leurs services au candidat du pouvoir. On a ainsi vu des partis et des chefs de partis d’opposition dans les rouages de l’Etat, avant d’être débarqués quelques mois plus tard. Le pouvoir excelle dans ce jeu qui consiste à discréditer ses adversaires. La démarche faisait partie de ses « armes de combat ». Ce qui a concouru à rallonger sa longévité aux commandes depuis plus d’une décennie, avant l’arrivée du bon samaritain le 5 septembre 2021.

En plus de ces bouchons politiques du régime Alpha synonyme de dictature, plusieurs leaders politiques, membres de partis et acteurs de la société civile ont essuyés des séquestrations. D’autres interdits de voyage. Les plus ‘’récalcitrants’’ se retrouvèrent souvent à ‘’l’hôtel cinq étoiles’’ (maison centrale) de Coronthie dont la durée de leur séjour dépendait des humeurs du président Alpha Condé.

Fils Toma