Cet article est un extrait du livre : La Guinée, 60 ans après l’indépendance « Passer la main » ! de Me Alpha Oumar SY SAVANÉ, enseignant, géographe internationaliste, essayiste et communicateur résident à Dakar.
L’enseignement de l’histoire dans nos écoles ne doit plus se limiter à la relation des deux guerres mondiales et des Révolutions. Nous racontons l’histoire des deux guerres et des Révolutions sur la base des documents occidentaux, c’est-à-dire à travers le prisme occidental. Si les études des faits historiques ne sont pas approfondies nous ne saurons jamais comment la furie guerrière d’Adolf Hitler a été financée. Nous ne saurons jamais aussi pourquoi l’Irak, l’Afghanistan, la Syrie, la Libye, etc. ont été attaqués. Enfin, nous risquons de ne jamais savoir quels sont ceux qui luttaient pour le maintien de l’apartheid en Afrique du Sud et pour quelle fin.
Pourquoi l’histoire des autres nous intéresse-t-elle tant jusqu’au point de négliger la nôtre ? N’avons-nous rien fait de bien pour l’humanité depuis nos indépendances ? Pourquoi ne pas parler du combat de nos populations pour l’indépendance du continent africain ? Osons parler aussi de notre Présent qui est le premier pilier indestructible de l’histoire. Tant que le présent s’étale, l’histoire s’écrit.
Le 28 septembre 1958 est la deuxième date glorieuse de l’histoire de la République de Guinée.
Mon intérêt, dans l’histoire de la Guinée, pour les dates des 25 août, 28 septembre, 2 octobre et 12 décembre 1958, est du essentiellement au fait qu’elles marquent la naissance de la République de Guinée. Cette naissance a été la locomotive des indépendances des colonies occidentales sur le continent africain et de l’émancipation des populations africaines. Cet intérêt se justifie aussi par les circonstances suivantes :
– Je suis professeur de géographie et géographe internationaliste spécialisé en géostratégie. Et la géographie étudie la Terre et tous les phénomènes qui s’y déroulent. Quant à la géostratégie (une branche de la géographie), elle étudie les relations de force entre les puissances, à partir de l’ensemble des données géographiques. Il s’entend alors que ces dates et les relations de force qu’elles entraînent m’interpellent pour des raisons purement académiques.
– Ces dates marquent une période au cours de laquelle la Guinée n’a jamais aussi pesé de tout son poids sur la scène internationale et dans les rapports de force entre entités géopolitiques. Elle n’a jamais été aussi exposée « aux projecteurs de l’actualité nationale et internationale ». C’est bien pendant cette période que la Guinée a servi de phare à l’Afrique. Elles ont fait de la Guinée la première puissance politique du continent africain.
– Ces dates glorieuses de 1958 ont permis à la Guinée de donner la plus belle et grave leçon de morale et d’histoire à l’Occident colonial, revanchard et raciste : « Le combat des démocraties contre le fascisme et le nazisme s’était effectué au nom de la liberté et contre le racisme. Dès lors, les peuples colonisés eux-mêmes physiquement engagés dans les combats contre les puissances de l’Axe, ne pouvaient que demander aux Européens d’être cohérents envers leurs propres principes. » (M. A. de Saint Paul, 1982).
– Les 25 août, 28 septembre, 2 octobre et 12 décembre de l’année 1958 constituent les dates qui ont marqué d’emprunts particuliers non seulement l’histoire de la Guinée, mais surtout celle des rapports franco-guinéens et franco-africains. À ces dates, la Guinée a refusé et rejeté la Communauté franco-africaine, a accédé à l’indépendance et a pris la place qui la sienne dans la Communauté des Nations éprises de paix et de liberté, c’est-à-dire les Nations unies.
Le 28 septembre 1958, la Guinée française a dit « Non » à la Communauté franco-africaine, donc à la colonisation, à l’irresponsabilité et à l’indignité tant pour elle-même que pour l’Afrique tout entière. Le « Non » catégorique de la Guinée a eu des retentissements dans le monde entier, en particulier sur le continent africain. Un « Non » d’autant plus symbolique qu’à l’époque, on était pas du tout habitué à désobéir à la volonté d’un Commandant de cercle à plus forte raison au Chef du gouvernement français qui s’appelait Charles de Gaulle.
La valeur historique du vote négatif du 28 septembre
L’importance que revêt le 28 septembre 1958 pour la Guinée en particulier et pour l’Afrique en général n’est pas des moindres. Il y a lieu de citer aujourd’hui 6 valeurs historiques du vote historique et légendaire du 28 septembre :
1-Par le vote négatif du28 septembre 1958, des hommes et des femmes ont engagé notre pays, la Guinée, dans la voie historique de la maîtrise de son destin, c’est-à-dire son indépendance, grâce à la prise de conscience de tous ses fils. Que leur mémoire reçoive l’hommage mérité de la nation guinéenne tout entière. Cette prise de conscience des Guinéens a accéléré celle du reste des populations africaines.
2– Le 28 septembre 1958 est la date du référendum par lequel les populations de la Guinée, colonie française de l’Afrique occidentale, ont dit ‘’Non’’ à la Constitution de la Vème République française qui a initié la Communauté franco-africaine.
3-Le 28 septembre 1958, 1 136 324 Guinéens ont dit « Non » contre 56 941 « Oui » pour un total de 1 193 265 bulletins valablement exprimés. Soit 95,22% de votes négatifs contre 4,77% de votes positifs (ces chiffres sont ceux contenus dans le texte de la proclamation d’indépendance du 2 octobre 1958). Il faut noter qu’en 1958, la population totale de la Guinée française avoisinait les 3 012 000 habitants (estimation de l’auteur).
4-Le 28 septembre 1958 est la date du rejet de la colonisation française par la Guinée pour elle-même et pour l’Afrique. L’arme du redoutable et légendaire « Non » sorti de l’usine de la dynamique populaire a permis de mettre fin à la lutte de libération de la Guinée et a accentué celle des autres colonies françaises, espagnoles et portugaises.
5-Le vote négatif du 28 septembre 1958 a créé la brèche dans l’Empire colonial français en montrant que, tant en Guinée que dans le reste de l’Afrique, les populations à la base souhaitaient vivement l’indépendance au nom de la liberté, de l’égalité des races, de la justice sociale et du respect des droits individuels des humains.
6-Le vote du 28 septembre 1958 est la conséquence directe des allocutions du 25 août 1958, date du refus de la Communauté franco-africaine par l’élite guinéenne organisée par le Parti démocratique de Guinée (P.D.G.) ayant à sa tête feu Ahmed Sékou TOURÉ, le père de l’indépendance de la Guinée. Le 25 août 1958 est à la fois effet et cause du 28 septembre 1958. Son antériorité ne fait pas oublier qu’il s’inscrit dans la logique du 28 septembre.
Pourquoi le référendum gaulliste ?
Cette question est d’une importance capitale. Sa réponse permet non seulement de dégager les motivations profondes du référendum, mais aussi et surtout d’informer objectivement plus de 11 millions de Guinéens n’ayant pas vécu ou pas pleinement les dates glorieuses de la République de Guinée.
En effet, en décembre 2014, la République de Guinée comptait environ 11 576 000 Guinéens (estimation de l’auteur). Ce chiffre est loin des résultats du recensement général de la population et de l’habitation de mars 2014 qui ont donné seulement 10 628 972 résidents y compris les étrangers. Seulement 2% de la population estimée par l’auteur pouvait effectivement prendre part au référendum du 28 septembre 1958 ce qui équivaut à 251 520 Guinéens.
La motivation profonde du référendum était de redorer le blason de la France car, sur le plan du débat colonial, elle était isolée par les États-Unis d’Amérique et le Royaume-Uni de la Grande-Bretagne. La déclaration de Franklin Delano Roosevelt, 32ème président des États-Unis avant la fin de la Seconde Guerre mondiale visait les puissances coloniales européennes :
« Il n’a pas eu, il n’y a pas et il n’y aura pas de race habilité à dominer d’autres hommes… Nous pensons que toute nationalité, quelle que soit sa grandeur, a le droit inhérent à sa propre nationalité. »
Aussi, la Charte de l’Atlantique d’août 1941 par laquelle F.D. Roosevelt et Winston Churchill, premier ministre britannique, promettaient à tous les peuples coloniaux, essentiellement ceux des colonies britanniques et françaises d’Afrique noire, le droit de choisir leur forme de gouvernement, une fois gagnée la guerre contre les puissances de l’Axe. Cette Charte sonnait le glas de la colonisation.
Le non respect de la promesse du général de Gaulle à la Conférence de Brazzaville (30 janvier – 8 février 1944) le mettait en position de faiblesse. Bernard Cornut-Gentille, ministre français d’Outre-mer, dans une conversation avec Gabriel d’Arboussier, Grand Conseiller de l’A.O.F., le 25 août 1958 à l’aéroport de Conakry, a reconnu ce manquement à la parole donnée en ces termes :
« N’oublie pas que Sékou TOURÉ sait autant que toi que la promesse d’indépendance aux Colonies françaises par le Général de Gaulle à Brazzaville, en 1944, a trop patiné ! »
La France devait se reprendre pour paraître sur les mêmes longueurs d’onde que les deux plus grandes puissances occidentales d’alors. Par le référendum, elle voulait se blanchir devant la Communauté internationale après avoir mis tout en œuvre pour que les populations votent ‘’Oui’’. Sa conscience ne serait pas libre, si elle en avait en ce temps, mais elle pourrait dire : les Africains ont refusé l’indépendance !
Pourquoi les populations de la Guinée française ont-elles été les seules à voter massivement « Non » ?
Cette question pertinente est toujours occultée dans les débats radiophoniques. Pourtant, elle est fondamentale quand on sait que d’autres populations des colonies françaises d’Afrique voulaient faire autant, surtout celles du Niger, du Sénégal et de la Haute-Volta. La réponse à cette question permet de ressortir le génie des dirigeants nationaux guinéens d’alors. Quatre prouesses politiques expliquent le « Non » massif guinéen :
1 – Les dirigeants nationaux et les autres intellectuels de la colonie ont mis en valeur la leçon de patriotisme du général Charles de Gaulle contenue dans son discours du 22 juin 1940 sur les antennes de la B.B.C. : « Beaucoup de Français n’acceptent pas la capitulation ni la servitude pour des raisons qui s’appellent l’honneur, le bon sens, l’intérêt supérieur de la patrie … ».
2 – Le Parti démocratique de Guinée (P.D.G.) avait profité de la Loi-cadre DEFERRE pour bouleverser complètement l’administration territoriale en remplaçant les chefs de cantons par des commandants nommés par le gouvernement semi-autonome (Arrêté du 31 décembre 1957). Ainsi, contrairement au Sénégal et au Niger, la France n’a pas eu la possibilité de s’appuyer sur les forces traditionnelles pour contrer le P.D.G.
Citons Jacques RABEMANANJARA, écrivain et politologue malgache : « L’un des bastions du régime (colonial), son artillerie lourde, celle qu’il n’engage que dans les circonstances graves, s’appelle la féodalité africaine … Rendons hommage à Monsieur Sékou TOURÉ qui a vu clair en balayant cette chefferie. La liquidation de cette féodalité lui a permis le 28 septembre de prendre l’indépendance de son pays … Rien n’est plus vrai que Sékou TOURÉ eut partagé le sort de Bakary DJIBO s’il n’avait pas su démanteler, pulvériser à temps le cadre vermoulu des notables impopulaires et rétrogrades ».
3 – Les dirigeants du P.D.G. ont tenu parole. Ils ont tenu à honorer leur engagement vis-à-vis des populations guinéennes. À la réunion de concertation du Groupe des leaders africains, à Dakar, le 26 août 1958 : « … l’assistance n’oubliera jamais l’intervention qu’il a faite (Sékou TOURÉ) pour affirmer que conformément à l’engagement pris d’un commun accord avec tous les pays d’Afrique sous colonisation française, la Guinée a décidé de voter ‘’Non’’ au référendum du 28 septembre, qu’il maintiendrait sa décision et sa promesse, même si l’ensemble des responsables qui avaient pris le même engagement que lui étaient amenés à se rétracter pour une raison ou pour une autre ».
Quelques jours plus tard, une délégation des mêmes leaders africains se rend à Conakry pour dissuader Sékou TOURÉ de donner « le mauvais exemple aux autres ». Sans chercher midi dans quatorze heures, il rétorque : « La Guinée ne se reniera pas et moi Sékou TOURÉ, je respecterai l’engagement que j’ai pris. Je suis incapable de reculade. Ce qui est décidé est décidé ».
4 – Enfin, le succès du « Non » fut le fruit de l’émergence d’une véritable Union nationale. Diawadou BARRY et le P.R.A., dans l’intérêt supérieur de la patrie, refusèrent de faire le jeu du pouvoir colonial. C’est donc sous le signe de l’Union sacrée que le peuple guinéen accéda à l’indépendance. En 1958, les Guinéens ont su faire leur unité ; c’est pourquoi ils ont triomphé.
Les principaux acteurs du vote négatif
Les principaux acteurs de ce grand évènement historique sont comme toujours, mais mieux que le 25 août 1958, la population qui a massivement voté ; le Parti démocratique de Guinée du Rassemblement démocratique africain (P.D.G.-R.D.A.) qui a fait le plein dans la sensibilisation et la mobilisation pour le « Non » et Sékou TOURÉ, le Secrétaire général du P.D.G.-R.D.A.
Mais comme certains de mes compatriotes veulent m’enlever mon droit de parler du bien de ce dernier quand je le juge opportun, je vais faire parler quatre Français non des moindres en 1958 : Bernard Cornut-Gentille (Ministre de la France d’Outre-mer), Gabriel d’Arboussier (Grand Conseiller de l’A.O.F.), Jean Mauberna (Gouverneur de la Guinée française) et Jacques Foccart (Haut fonctionnaire).
– Bernard Cornut-Gentille : « … Au fond quel est ton pronostic face au « Oui » et au « Non » à la Communauté franco-africaine ? »
– Jean Mauberna : « Si Sékou dit « Non », les 95% des Guinéens diront « Non ». Si, par contre, il vote « Oui », les 95% des Guinéens voteront « Oui ». »
– B. Cornut-Gentille : « Tu veux dire, par là, qu’il tient toute la Guinée en main, quoi ? »
– J. Mauberna : « Les Guinéens ont aveuglement confiance en lui (Sékou TOURÉ). C’est ce qui m’a empêché de l’arrêter quand il a commencé ses campagnes d’intoxication dans ce territoire. »
– Gabriel d’Arboussier : « Mais ? En quoi réside sa force pour avoir une telle mainmise sur tout ce territoire ? »
– J. Mauberna : « Il est très éloquent, sa force de conviction et son esprit d’analyse sont irrésistibles. Sékou est capable de faire du mensonge de la vérité et de la vérité du mensonge avec des applaudissements frénétiques de l’auditoire. »
– Jacques Foccart : « Alors, Monsieur le Gouverneur, si Sékou vote « Non », tant pis pour la Guinée ! ».
Même le général Charles de Gaulle, instigateur du référendum, était convaincu du « Non’’ massif en Guinée française le 26 août 1958 :
« Au matin du 26 août, la route de l’aéroport était déserte sous le ciel menaçant ; le PDG n’a pas ordonné de nouvelle manifestation populaire ; la pluie ne tarde pas à tomber. Ainsi que le note le général, « la même discipline imposée qui l’avait hier garnie d’une foule compacte, l’a aujourd’hui totalement vidée. Ainsi suis-je fixé sur ce qui demain sortira des urnes. » »
Les conséquences du « Non » du 28 septembre 1958 pour la Guinée
Les conséquences du « Non » ne sont pas toutes des atouts pour la gestion de l’indépendance nationale qui est sa conséquence directe. La proclamation de l’indépendance, le 2 octobre 1958, a été la principale et directe conséquence du vote « Non » du 28 septembre 1958. Le 29 septembre 1958, le Gouvernement français fait la déclaration marquant la rupture avec la Guinée :
« L’article 1er de la Constitution spécifie que la République et les peuples des territoires d’Outre-mer qui, par un acte de libre détermination, adoptent la présente Constitution, instituent une Communauté. Par le vote du 28 septembre, les électeurs guinéens ont refusé l’adoption de la Constitution soumise à leur approbation.
De ce fait, la Guinée se trouve séparée des autres Territoires de l’A.O.F. qui ont approuvé la Constitution.
De ce fait, la Constitution ne sera pas promulguée en Guinée.
De ce fait, la Guinée ne dispose d’aucune représentation valable à l’intérieur de la Communauté, qu’il s’agisse des organes métropolitains ou africains.
De ce fait, la Guinée ne peut plus recevoir normalement le concours ni de l’administration de l’État français ni des crédits d’équipement.
De ce fait, les responsabilités assumées par l’État français en Guinée doivent être profondément révisées. … ».
Dans les jours qui ont suivi, la France a accepté le fait accompli, mais n’a pas procédé immédiatement à la reconnaissance. Plus de financement de projets, plus d’aide budgétaire. On brûle des dossiers, on emballe des archives, on rapatrie militaires et fonctionnaires, dont certains en partant ont commis des dégradations. Telles sont les conséquences négatives.
Le 28 septembre et le 2 octobre de l’année 1958 s’imbriquent dans la mesure où la première date est celle de l’indépendance et la seconde celle de la proclamation de celle-ci. Pour cette raison, nous traiterons des autres conséquences dans la partie réservée à la date du 2 octobre 1958.
La relation analytique de l’évènement du 28 septembre 2016 prouve, à bon escient, que l’histoire de la Guinée est plus richesse que la bauxite, l’or, le fer et le diamant que le pays recèle. Elle prouve aussi que l’indépendance de la Guinée ne saurait rester sans conséquences positives sur la lutte des colonies d’Afrique pour l’indépendance totale du continent. C’est à juste raison si un journaliste sénégalais, Cheikh Tidiane DIOP, de la revue ‘’La dépêche’’ (Information diplomatique), a écrit dans le n° 09 de sa revue consacrée au cinquantenaire de la République de Guinée :« Si l’Afrique devait se choisir une date unique pour fêter sa liberté, y aurait-il meilleur repère et date plus indiquée que le 28 septembre ? Ce jour-là, en effet, le peuple de Guinée s’est exprimé à la fois pour lui-même et pour tout un continent à travers un vote synonyme de liberté et de dignité retrouvées. »
Le 2 octobre 1958 marque la proclamation de l’indépendance de la Guinée française sous l’appellation de République de Guinée, indépendance acquise le 28 septembre 1958. Il marque aussi le début de l’engagement de la Guinée au côté des mouvements de lutte de libération nationale sur le continent. Le nouvel Etat n’a ménagé aucun effort pour la libération totale de l’Afrique.
Chers lecteurs ! Cette belle page de notre histoire ne mérite-t-elle pas d’être connue de nos enfants ?
La République de Guinée est née dans toute sa grandeur et toute sa splendeur. Une venue définitive sur la scène internationale certes laborieuse, mais légendaire et héroïque. Les soixante et trois ans d’histoire de la République de Guinée ont prouvé, sans aucune complaisance, que la victoire guinéenne sur la France coloniale, malgré la virulence des combats des 25 août, 28 septembre, 2 octobre et 12 décembre 1958, n’a pas été une victoire à la Pyrrhus.
Débout sur ses deux pieds, l’État de Guinée a continué à encaisser sans ployer, les coups les plus terribles de la France coloniale. Il a éventé les complots les plus sordides de l’Occident raciste et revanchard. Il est là ! Toujours là ! Pour le bonheur maintenant perceptible du Peuple de Guinée.
Sans complexe aucune, acceptons de relire et de relater l’histoire, la vraie et l’unique, de la République de Guinée. Une histoire ne se réécrit pas. Une histoire ne s’adapte ni à une ethnie ni à un homme politique, ni à un puissant ni à un riche. Elle relate l’œuvre grandiose accomplie par tout un peuple. Oui ! L’œuvre d’un peuple mobilisé dans son combat pour sa vie et sa survie et pour son devenir meilleur.
Maintenant, la Guinée est à l’âge d’aspirer au développement. Pour rappel, le développement est un processus illimité dans lequel, quelque soit le niveau auquel on est, trois conditions doivent être remplies, à savoir : 1. Vivre longtemps et en bonne santé ; 2. Acquérir un savoir ; 3. Avoir accès aux ressources nécessaires pour jouir d’une condition de vie convenable. Ce n’est pas la politique politicienne ou la haine ethnique qui mènera à la satisfaction de ces trois conditions pour la grande majorité de la population.
Indépendamment des humeurs des uns et des autres, nous devons accepter de nous mettre au travail, de faire couler la sueur à nos fronts, afin de redorer le blason de notre grand pays et construire un avenir certain pour les jeunes qui sont ouverts et aptes au changement, qui sont les décideurs de demain et qui pérennisent tout ce que nous réalisons de bon maintenant.
L’enseignement du passé ne doit pas servir de prétexte pour salir le présent et obscurcir l’avenir. Tout en gardant le droit de mémoire, les générations montantes doivent savoir que c’est l’intérêt qui lie les États. Tout ce qui est reproché à la France aujourd’hui pouvait déjà être derrière nous si depuis un peu plus de soixante ans les dirigeants et les décideurs du pays avaient tous été des patriotes respectant leurs serments de prestation de service.
Ceux qui président aux destinées de notre nation et gèrent ses biens, services et affaires doivent savoir que quiconque veut se mettre à l’abri de l’humiliation, du discrédit et de l’abattement moral doit honorer son engagement à la prestation de prise de fonction : « servir le Peuple de Guinée ».
Dakar, le 28 septembre 2021.
Me Alpha Oumar SY SAVANÉ
Professeur, géographe internationaliste,
spécialiste en géostratégie, essayiste
et communicateur.