L’antibiorésistance menace des millions d’Africains. Déjà responsable de 1,3 million de morts en 2019, elle pourrait faire bien pire sans réaction rapide, avertit l’Union africaine.

Une nouvelle étude a révélé une résistance généralisée aux antibiotiques dans quatorze pays africains, soulignant l’urgence de renforcer les laboratoires et les systèmes de données pour lutter contre des infections devenues difficiles à traiter. 

Baptisée MAAP (Partenariat pour la cartographie de la résistance et l’usage des antimicrobiens), cette étude est la plus vaste du genre jamais réalisée en Afrique, selon l’Agence de santé africaine (Africa CDC), membre de la coalition l’ayant conduite.

L’étude a révélé des taux alarmants de résistance aux antibiotiques (AMR), atteignant jusqu’à 70 pour cent pour des bactéries courantes comme E. coli et le staphylocoque doré dans certains pays. Ces bactéries, fréquentes, résistent de plus en plus aux traitements de première intention, compromettant les soins de base.

Les capacités de détection restent très limitées, comme en témoigne le faible nombre de tests de sensibilité des bactéries aux antibiotiques (antibiogrammes). À peine neuf tests pour 100 000 habitants en Sierra Leone, contre 452 en Eswatini. Ce déficit entrave la surveillance et la réponse à l’AMR.

Les chercheurs ont examiné plus de 187 000 résultats de tests provenant de 205 laboratoires, collectés entre 2016 et 2019. Moins de deux pour cent des établissements de santé étaient équipés pour tester les infections bactériennes, a-t-on ajouté.

Dans certains pays, les tests sont souvent réservés aux patients les plus gravement malades, ce qui peut surestimer les taux de résistance, tandis que l’accès limité aux diagnostics peut laisser de côté de nombreux cas, sous-estimant l’ampleur du problème, a souligné le Fonds Fleming, partenaire de l’étude.

Les chercheurs ont appelé à une action urgente pour élargir l’accès aux outils de diagnostic et aux laboratoires, mettre en place des systèmes de données électroniques pour mieux suivre l’AMR, et renforcer les mesures de santé publique comme l’accès à l’eau potable, l’assainissement et les vaccinations.